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La cavalerie dans la trouée de Losheim

Dans cet espace, sont rassemblés sous forme de fiches l'ensemble des biographies, résumés de bataille, thèmes importants concernant la seconde guerre mondiale.
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La cavalerie dans la trouée de Losheim

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de hilarion  Nouveau message 15 Oct 2007, 20:30

Merci à H Rogister de m'avoir donné son accord pour inserer cet article dans le centre de documentation . Le lien pour débattre est à la fin.

J'ai personnellement rencontré le Colonel D. J. Judge lorsque nous avons visité ensemble toute la zone de combat du 14e groupe de cavalerie.

Bonne lecture

LA CAVALERIE DANS LA TROUEE DE LOSHEIM
LE 14e GROUPE DE CAVALERIE ( MECANISÉ)
ET LA BATAILLE DES ARDENNES

Par le colonel D.J. Judge, USA
Traduit par André G. Beaumont
Présentation: Henri Rogister

INTRODUCTION

Durant deux jours, cette bande de 200 Américains frigorifiés et bouleversés a retenu la meilleure partie de deux divisions ennemies aux abois. Pendant l'un des hivers les plus rudes en Europe, ils ont également lutté contre le brouillard et les aléas de la guerre. Pourtant, les récits de combats les signalent à peine. Lorsque vous trouvez des renseignements, ceux-ci sont souvent négatifs. Les questions intriguantes concernant leur action dans une situation désespérée sont sans réponse. Est-ce qu'ils furent correctement employés? Est-ce qu'ils se sont retirés sous la pression de l'ennemi ou par panique? Est-ce que le commandant était incompétent? On peut terminer la lecture d'une action et savoir relativement peu à leur sujet. Cependant, lorsque vous creusez dans leur passé, vous arrivez avec une conclusion relativement unilatérale. Simplement, les individus de cette bande courageuse ont accepté le défi et ont bravement lutté malgré les hasards de la nature et l'ennemi. De plus, je crois que les hommes du 14e groupe de cavalerie ont lutté avec distinction durant la bataille des Ardennes en décembre 1944. Leurs actions, épreuves et tribulations sont cependant inconnues. Ceci est très malheureux.
Pour certains, l'histoire du 14e groupe de cavalerie en ce triste mois de décembre 1944, se range parmi les véritables épopées de l'histoire de l'armée américaine. C'est une opinion facile d'apprécier. Des discussions et de la correspondance échangées avec les participants vous proposent une grâce à leurs souvenirs très nets de la confusion de cette bataille. Les survivants relatent des récits reflétant leur bravoure et leur propre dévouement "altruiste" au devoir. Plus de cinquante-cinq ans après l'événement, la mémoire collective de ces cavaliers motorisés présente une histoire convaincante de courage individuel et de persévérance. C’est une histoire fascinante qui mérite d'être racontée. Leur vaillance a été ignorée depuis trop longtemps. Par n'importe quelle mesure, ils sont un groupe héroïque.

LA TROUEE DE LOSHEIM

Le long de la frontière entre l'Allemagne et la Belgique, il y a seulement une région qui est favorable pour les mouvements militaires. C’est une étendue de 8 kilomètres de long que l’on appelle la Trouée de Losheim, du nom du village belge de Losheim. La région comprend de nombreuses vallées et des collines escarpées soutenues par un réseau de routes limité. Pendant la Première Guerre Mondiale, la cavalerie à cheval allemande avança vers l'ouest par cette trouée et atteignit rapidement la Meuse. La même chose se passa en 1940; la division du Field Marshall Erwin Rommel fonça à grande vitesse à travers la Trouée de Losheim pour atteindre la Meuse et ensuite progresser vers la Manche. En décembre 1944, les Allemands ont encore voulu atteindre la Meuse par la Trouée de Losheim. Cette fois, cependant, l'armée allemande rencontra la résistance d'une petite force, mais obstinée, de la cavalerie blindée américaine.

LE PREMIER JOUR

Le 18e escadron du 14e groupe de cavalerie était en position autour du village de Manderfeld depuis la fin du mois d’octobre. Ce village belge calme et pittoresque est un des nombreux villages dans la Trouée de Losheim. En 1944, c’était comme le havre de sûreté que l'on pouvait espérer au milieu de la guerre. Il était relativement paisible pour un mois de décembre, toutefois, cela devait changer rapidement; Manderfeld allait devenir un endroit très bruyant. Ce 16 décembre, la nuit froide et le brouillard cédaient le pas à un autre jour de guerre.
Comme l'aube brumeuse approchait, les voix bruyantes des jeunes hommes de la compagnie "A" du 820e bataillon de tanks "destroyer" résonnaient dans le village. Ils se levaient après une nuit agitée passée sur des matelas de paille ou, s'ils avaient eu de la chance, sous une couverture de duvet. A cause du froid sévère, ils ne marchaient pas réellement mais traînaient plutôt les pieds pour recevoir un petit déjeuner typiquement sans saveur, composé de café tiède et d’œufs en poudre froids. Le seul bruit que l'on entendait était le craquement de la neige sous leurs bottes. Il n’y avait pas beaucoup d’activités programmées pour la journée. La seule chose prévue était un événement qui n'était pas très agréable. Dans plus ou moins une heure, le commandant du groupe, le Colonel Mark Devine, arriverait pour une tournée d'inspection de leurs voisins du 18e escadron de cavalerie. La compagnie de tanks "destroyer" était attachée à l'escadron et comme telle, elle était sujette à une visite d’inspection du commandant du groupe. Tous les hommes redoutaient ses méthodes d'inspection. D'apparence sévère, d'une discipline stricte, il critiquait les détails tels que la hauteur de leurs lits au-dessus du sol ou la saleté en dessous de leurs ongles des mains. Après le départ du commandant, ils soupçonnaient que leurs officiers et sous-officiers leurs donneraient toutes sortes d'ordres pour corriger ces inévitables et innombrables défauts. Ces corrections avaient peu de sens pour eux mais étaient évidemment d'un énorme intérêt pour les officiers.
Cela les troublait. Pourquoi toute cette attention aux affaires de ménage? Ils étaient des vétérans aguerris au combat. Ils étaient sur un champ de bataille et non pas dans une caserne. Les contradictions de la situation attiraient leur attention même à cette heure indue du matin. Universellement, ils perçurent l'inspection comme un autre exemple de la mentalité militaire "Mickey Mouse". "Par l'enfer, c’était encore pire que la vie dans l’armée aux Etats-Unis". Qui comprenait ces façons étranges de l’armée?
Malgré le temps épouvantable, les conditions de vie inhospitalières et les perspectives de la journée, les soldats pensèrent rapidement à l'éloignement et songèrent à leur maison et à la fête de Noël avec la famille. A tout moment, vous pouviez fermer les yeux et sentir le doux parfum de la dinde que votre mère cuisait. Il restait seulement quatorze jours avant la saison des fêtes. Peut-être, la guerre serait-elle finie pour Noël? C’était improbable, mais toujours une possibilité charmante. Cette idée s'entrecroisait dans leur tête pendant qu'ils attendaient dans la file pour avoir le petit déjeuner. D'autres pensées hantaient leurs esprits. Ils étaient tous spécialement intrigués par la question rhétorique que se posait chaque soldat depuis l'invasion de la Normandie: "Pourquoi les Allemands n’avaient-ils pas capitulé et reconnu qu’ils étaient battus?"
Les officiers de la compagnie réfléchissaient aussi dans l'obscurité de l’aube. Leur commandant, le Capitaine Stanton H. Nash, âgé de vingt neuf ans, réfléchissait sur plusieurs questions en préparation pour la journée. Ce serait encore une autre journée froide. Il s'habillait en conséquence pour ce temps froid. Par-dessus ses vêtements d’hiver, le diplômé de l’école d’infanterie de Fort Benning, rajoutait un pantalon de laine, une chemise chaude et un chandail de laine. Malgré ces vêtements, il grelottait toujours. Nash partageait avec ses soldats la peur de la visite du commandant du Groupe. Son attitude reflétait l'opinion commune à savoir que le colonel Devine était un chef sans bonté. Des opinions ! Les soldats, leur capitaine et le commandant du groupe en avaient tous des opinions. Ces opinions ne reflétaient pas nécessairement la réalité. Dans le combat à venir, des opinions seraient à la base de beaucoup de décisions importantes.
Pour le moment, Nash, cependant, était plus concerné et gêné par la situation tactique. Par exemple, il se demandait pourquoi personne dans le groupe ne lui avait permis de placer ses douze canons de 76 mm antichar dans de meilleures positions. Il devait couvrir les routes d'approches probables des chars ennemis dans tout le secteur. Les emplacements actuels étaient mal adaptés. Il va sans dire que le système parfait impliquait que les canons soient idéalement situés et camouflés. Ensuite, les canons devaient être enterrés dans les positions. Avec une portée de plus ou moins 5.000 mètres, une destruction catastrophique était peu probable. Cependant, les obus tirés pouvaient mettre hors de combat un char allemand ou écorcher légèrement un véhicule combattant. La clé du succès dépendait du placement des canons. On devait les placer afin de protéger chaque flanc ou l'arrière, pour tirer sur une formation ennemie qui approcherait. Les canons devaient être repositionnés rapidement pour éviter le tir de riposte de l'ennemi. Déplacer un canon de cinq mille livres avec un véhicule à chenille M-3 dans une nouvelle position, exigeait l’emploi de dix hommes. C’était une opération dangereuse et longue, surtout quand les chars allemands étaient en face de vous.
Ce qui était également ennuyant, c'était que l'officier des communications du 18e escadron ne lui avait pas remis les instructions et les codes pour l’emploi de la radio. S'il engageait la bataille, il n'avait aucun moyen de communiquer avec l'état-major du groupe ou l'escadron en ligne. C'était une façon étrange de conduire les affaires! En tout cas, cela n'était pas très agréable ou encourageant. Il fallait remercier le Bon Dieu qu'ils étaient dans un secteur calme de la ligne de front. Avec le temps qui passait, Stan Nash espérait ardemment que le colonel Devine deviendrait plus doux. La plupart des officiers "antichar" connaissaient le colonel Devine depuis leur séjour à Camp Hood. Il était le commandant de l'Ecole des Officiers au Centre Antichar.

LE COMMANDANT DU GROUPE

Mark Andrew Devine, Jr. était le troisième de cinq fils nés de Mark et Emma Devine de San Francisco. Breveté officier de cavalerie en 1917 de l'Université de San Francisco, il était un officier inflexible, parlant brutalement et d'une discipline stricte. D’une taille moyenne, Devine adopta les habits et le style d'un officier de cavalerie de l’armée régulière. Breveté trop tard pour participer à la Première Guerre Mondiale, il passa les années entre les deux guerres à suivre une succession d’écoles et d’entraînements militaires. L’avancement était lent dans ces années d'après la première guerre. Il lui fallut dix ans pour atteindre le grade de Capitaine. Neuf autres années passèrent encore avant qu'il ne devienne major. Lorsque la 2e Guerre Mondiale s'annonça et après plus de 20 ans de service, il fut promu au grade de lieutenant-colonel en 1940. C'était seulement trois ans après avoir reçu les feuilles de chêne dorées de major. La situation s’améliorait dans les promotions et d'autres grandes opportunités se présenteraient dans l’avenir si on savait jouer ses cartes.
Devine a tenu quelques postes uniques. Après la fin de la 1ère Guerre Mondiale, il fut dans la force d'occupation américaine en Allemagne. Il épousa la fille du général qui commandait la zone du Canal de Panama et passa quelques années en Amérique Centrale. Après avoir été gradué du collège militaire pour les commandants et l’état major en 1937, il fut volontairement transféré de la cavalerie à l'artillerie de campagne. En juillet 1939, il reçut la permission de retourner à la cavalerie. Il fut promu au rang de colonel en janvier 1941.
Trois années plus tard à l’âge de quarante-huit ans, Devine assumait le commandement du 14e groupe de cavalerie. C'était son premier commandement d’une unité de combat. Il reçut l'ordre de prendre le commandement du groupe après qu'un des escadrons ait échoué dans un test d'évaluation de routine. Il y a quelques indications qui laissent à penser que des membres de l'escadron en question aient volontairement fait échouer les tests d'évaluation en espérant qu'ils resteraient au Camp Maxey, Texas, plutôt que d’être expédiés outre-mer. Si cela est exact, les soldats impliqués eurent plus de fil à retordre qu'ils s’y attendaient avec leur nouveau commandant. Le colonel Devine mit immédiatement son empreinte sur l'unité. Un nouveau jour était arrivé et il n'était pas agréable pour le groupe. Supposant que l'échec de l’évaluation de test avait été occasionné par des sous-officiers incompétents, Devine institua de sévères et, souvent, cruelles actions de discipline contre n'importe quel officier d'escadron qui croisait son chemin dans le mauvais sens. Ses actions ne lui ont fait gagner que très peu d'admirateurs parmi les officiers et les hommes. Le groupe n'a jamais plus échoué dans les tests.
Pendant qu'ils étaient en France, les méthodes de direction de Devine lui laissait penser qu'il "gagnerait ses étoiles de général" sans tenir compte du prix à payer par l'unité. Pourtant, d'autres se souviennent de lui comme étant un commandant "qui chérissait ses hommes pour lesquels il se dévouait, et qu'il les avait choisis personnellement parce qu'il verrait la victoire finale en Europe.” Quelques-autres disaient que malgré sa façon belligérante avec ses subalternes, il osait rarement visiter ses escadrons sur la ligne de front. Lorsqu'il visitait les lignes avancées, plusieurs observateurs avaient noté que Devine "ne visitait jamais un de ses escadrons sans être escorté par une “jeep avec mitrailleuse.”

LA MISSION

Le VIIIe corps du général major Middleton avait donné au groupe du colonel Devine la mission de défendre une zone d'approximativement onze kilomètres entre la 106e division d'infanterie (qui était récemment arrivée) dans le sud et la 99e division d'infanterie dans le nord. De plus, le groupe devait maintenir le contact entre les deux divisions. Devine était sous l'autorité de la 106e division d'infanterie. De vieille connaissance, Middleton apparemment, respectait l'opinion professionnelle et les actions personnelles de Devine. Il avait confiance que Devine accomplirait sa mission. Cependant, les grands penseurs militaires dans l'armée se rendaient compte que les unités dans la région de Losheim étaient trop étendues mais c'était un risque calculé. Il n'y avait pas assez d'hommes et d'équipements pour être robuste partout. En tout cas, ce secteur était une région calme de la ligne occupée par la 1ère armée des Etats-Unis, commandée par le lieutenant-général Courtney Hodges. Personne ne s'attendait à des actions sérieuses le long des quarante-deux kilomètres du secteur de cette armée.
En plus de la compagnie antichar qui le supportait, le 14e groupe de cavalerie du colonel Devine comprenait le quartier général et deux escadrons de cavalerie de reconnaissance: les 32e et 18e escadrons. Le 275e bataillon d'artillerie de campagne avec ses dix-huit obusiers autopropulsés de 105 mm les supportait tous deux. C’était une force mobile impressionnante.
LES HOMMES DE LA CAVALERIE

Le lieutenant-colonel Bill Damon, diplômé en 1933 de l'Académie Militaire de West Point, commandait l’escadron avancé. Il avait reçu le commandement du 18e escadron de cavalerie en juillet 1943. Comme beaucoup d'autres hommes capables, Damon avait progressé rapidement dans le système de promotion durant la guerre. En contraste avec Devine, il fut promu capitaine en 1940 et major en 1942. Les feuilles d’argent de lieutenant-colonel étaient les siennes en août 1943. Bill Damon était un grand homme, aux vêtements soignés qui se consacrait totalement au bien-être de son escadron. Les hommes de l'escadron se souviennent de lui comme étant un officier impressionnant. Attentif, dévoué et bien informé, Damon avait gagné leur loyauté. En retour, ils avaient gagné son respect.
Les colonels Devine et Damon étaient souvent à couteaux tirés. Damon n'a jamais essayé de cacher ses sentiments concernant le style de direction du commandant du Groupe. Leurs différends devaient jouer un rôle important dans le combat suivant.
Attaché à la 2e division d'infanterie en Octobre 1944, leur tâche était de maintenir et améliorer les positions défensives dans la Trouée de Losheim. Vétérans adroits, ils renforçaient et amélioraient continuellement leurs positions. Le quartier général du Groupe était venu à Manderfeld le 11 décembre pour prendre le commandement du secteur. Le colonel Devine avait placé son autre escadron, le 32e de cavalerie, en réserve près de Vielsalm, à approximativement trente-deux kilomètres à l'ouest de Manderfeld. C’était le plan du colonel Devine de retenir le 18e de cavalerie à Manderfeld pendant que le 32e escadron se réorganisait à Vielsalm où il y avait toutes les facilités d'entretien suffisantes. Ensuite, après avoir été remis en état, le 32e remplacerait le 18e sur la ligne de front et le 18e retournerait alors à Vielsalm pour procéder aux réparations et remplacements.
Connu comme escadron de reconnaissance de cavalerie (CRS), chaque unité comportait respectivement trois Troops de cavalerie: A, B, et C, une Troop de canons d'assaut, la Troop E et une compagnie de chars légers, la compgnie F. La force totale autorisée de chaque Troop était de 145 hommes. Chaque Troop de cavalerie avait trois pelotons de reconnaissance. Chaque peloton avait vingt-neuf hommes. Trois voitures blindées M8 et six jeeps y étaient affectées. Ils avaient tout un assortiment d’armes: trois mortiers de 60mm, trois mitrailleuses de calibre .30. Chaque voiture M8 était armée d'un canon de 37mm, une mitrailleuse de calibre .30 coaxiale, et une mitrailleuse de calibre .50 antiaérienne. De plus, des armes automatiques avaient été montées sur beaucoup de véhicules. Les cent seize hommes dans la Troop de canons d'assaut, la Troop E, avaient huit obusiers de 75mm sur véhicules chenillés. La compagnie de chars légers comptait dix-sept chars M3 armés de canons de 37 mm. Elle avait une force autorisée de nonante-sept hommes. Organisés pour le mouvement rapide et la reconnaissance, les escadrons n'avaient ni la force en armes ni la main-d'œuvre nécessaire pour s’engager dans des opérations défensives soutenues.

LE 32e ESCADRON

Le lieutenant-colonel Paul A. Ridge, un autre officier de cavalerie de l’armée régulière, était le commandant du 32e escadron de cavalerie. Nommé au 32e en octobre 1944, il avait été diplômé de l'Université d'Illinois en 1926 et avait servi comme officier exécutif du Groupe. Pendant ses dix-huit années de service militaire, Ridge avait participé à plusieurs cours d’instruction pour les commandants et les officiers de l’état-major. Au début de la guerre, il était dans les Antilles Britanniques, comme officier commandant, chargé du système d'échange pour le personnel militaire. Retournant aux Etats-Unis en juillet 1943, Ridge y reçut quelques entraînements en techniques de combat avant de rejoindre le 14e de cavalerie en Angleterre. Le commandement de l'escadron était sa première tâche avec une unité tactique après bien des années de service militaire.
Le nouvel officier exécutif était le lieutenant-colonel Augustine D. Dugan. Diplômé en 1924 de l’Académie Militaire de West Point, "Patsy" rejoint le quartier général du Groupe en Novembre 1944. Dugan était un officier de cavalerie remarquable. Après avoir été diplômé de l'Académie Militaire, il excella en servant dans les répétitions des tâches assignées à la cavalerie. Cela incluait une mission dans les Iles des Philippines, officier d'opérations pour la 2e brigade de cavalerie à Fort Bliss au Texas et officier exécutif dans un régiment d'infanterie dans la 8e division d'infanterie. En servant en Normandie avec la 8e Division d'Infanterie, il reçut la Silver Star (l'Etoile d'Argent). Il était "de manière facile, pratique, vif, et très aimable." Dans les jours qui suivirent le début de l'attaque, Patsy Dugan utilisera au mieux ses bonnes qualités au milieu du chaos.

LES POSITIONS OCCUPEES

Une tâche défensive donne rarement à la cavalerie l'occasion d’exceller. De plus, le terrain, le système de routes limité et le temps épouvantable empêchèrent le 14e de cavalerie de profiter de son plus grand avantage: la mobilité. Connaissant la mission, Damon eut peu de choix. Il devait couvrir beaucoup de terrain avec une petite force. L'étude des cartes a révélé deux routes principales d'approche pour des chars. La route principale commençait vers la frontière allemande au village de Hallschlag et suivait l'Our en passant par plusieurs villages belges. La route de macadam de six mètres et demi de large serpentait par les villages de Krewinkel, Weckerath, Andler, et Schoenberg. L'approche se terminait dans la ville de Saint-Vith. Une autre route identique donnait à une force d’attaque un chemin différent. Ce chemin alternatif partait de Losheim, traversait Merlscheid et Manderfeld. Après Manderfeld, la route rejoignait la route principale de Andler. Typiques de la région, ces routes passaient par les rues étroites des villages, traçaient des virages en épingle à cheveux ou se terminaient dans des culs-de-sacs. Ce n’étaient pas une approche rapide. Cependant, les deux routes permettaient le trafic lourd militaire.
Pour défendre le secteur, Damon avait placé ses unités dans une série de points de résistance séparés de 900 mètres, le long d'un secteur de 8.200 mètres. Le capitaine Stan Porsche commandait la Troop A. Porsche avait placé son 1er peloton à Kobscheid, le reste de la Troop était en place à Roth. Max Crawford, du 1er peloton de la Troop C, occupait Afst, pendant que le 2e peloton de Ken Farrens occupait Krewinkel. Leur commandant, le capitaine John Walker,( ou Charles Martin?) plaça le 3e peloton du lieutenant Ledru King entre les deux villages à Weckerath). Les commandants de pelotons organisaient eux-mêmes leurs positions.
Pendant ce temps, Stan Nash de la compagnie A, 820e bataillon de tanks "destroyer", mettait ses hommes et son système antichar dans diverses positions à travers le secteur. Walter Gledhill avait placé le 1er peloton à Merlscheid. Le 2e peloton de John Arculeer était à Lanzerath. Carl Johnston et le 3e peloton s’installaient à Berterath. Le sergent Joe Fiscus, du 1er peloton, avait amené son peloton de deux canons dans Roth. Nash avait obéi à l'ordre d’occuper les emplacements de l’unité précédente: "homme pour homme et canon pour canon." Sidéré par l'ordre, il se soumit aux directives du S-3 du Groupe et se grattait la tête dans une frustration totale. Rappelons que le 18e escadron de reconnaissance lui avait refusé la permission d’utiliser le système radio. Ces actions allaient coûter cher au Groupe dans les jours suivants.
Damon avait placé le poste de commandement général de l’escadron à Manderfeld. Quand Devine fit mouvement, il plaça son poste de commandant du groupe dans Manderfeld. Le groupe suivit les instructions du VIIIe corps: " ne pas avertir les Allemands de l'arrivée d'unités fraîches en remplacement des positions "homme pour homme, et canon pour canon." Cela n'en valait pas la peine car les Allemands avaient observé chaque mouvement. De Manderfeld, la Troop E et la compagnie F de Damon supportaient les Troops avancées. La Troop B était dans le sud sous le contrôle de la 106e division d'infanterie.
Derrière Manderfeld, le 275e bataillon d'artillerie avait établi des positions autour et dans le village de Medendorf. Les postes d'observation avancés étaient partagés avec la cavalerie à Merlscheid, Afst, Krewinkel, Roth, et Kobscheid. Ils avaient repéré deux cents cibles pour l'artillerie. L'unité de Roy Clay était une unité d'artillerie expérimentée et aguerrie qui allait fournir un service extraordinaire dans les jours qui suivirent.
Les Troops de cavalerie patrouillaient vigoureusement dans la zone de leur front. Si l'ennemi venait, elles voulaient le repousser. Cependant, le combat était la dernière chose à laquelle elles pensaient. Durant les dernières semaines, il y eut peu de contacts avec l'ennemi. L'artillerie allemande tirait par intervalle sur eux. Les Américains pensaient que l'artillerie effectuait seulement des tirs de harcèlement. On se demandait si les Allemands étaient en force de l'autre côté.

L'ENNEMI

En effet, les Allemands étaient en force devant les lignes américaines. Les hommes de la 18e division de Volksgrenadiers sous le commandement du général Gunther Hoffmann-Schonborn patrouillaient la zone du Schnee Eifel. Ceux-ci n'étaient plus les soldats de l’armée de Rommel de 1940. Après cinq années de conflit, les Allemands grattaient les fonds de tiroirs pour trouver du personnel. C'était une division de polyglotte typique. Formée au Danemark en septembre 1944, la division comptait 9.500 hommes assignés. Ils formaient trois régiments de grenadiers: les 293e, 294e et 295e. C'étaient principalement des civils inexpérimentés et du personnel déplacé de l’armée de l'air et de la marine. Ils avaient en moyenne un officier et un sous-officier par compagnie.
Au début novembre, la division défendait la zone du Schnee Eifel. Pendant qu’elle était dans cette position défensive, le colonel Moll, l'officier d'opérations, essayait d’entraîner les hommes pour créer une organisation cohérente. Utilisant le retour de soldats antérieurement blessés, Moll avait organisé une école d'entraînement pour sous-officiers établie loin à l'arrière de leurs positions.
Cent cinquante parmi les meilleurs soldats de la division avaient été choisis pour assister à ces cours. Ils étaient en période d'entraînement quand Moll reçut l’information d'une nouvelle action de choc appelée “Wacht am Rhein.” Il était bouleversé. Jusqu'à présent, tous ses plans et programmes d’entraînement avaient été consacrés en vue d'une retraite sous la pression de l’ennemi vers le Rhin. Tenu au secret absolu par son serment, le commandant de la division reçut les détails de l’ordre d’attaque le 9 décembre 1944.
Les ordres étaient simples et au point. La division attaquerait de ses positions actuelles au nord-ouest. Cette attaque protégerait le flanc nord de la pénétration de la 5e armée Panzer. La 244e brigade de canon d'assaut s'ajouterait à la division. Cette unité était constituée d'une collection diverse de quarante véhicules légèrement blindés. Ce n'était pas beaucoup, mais c’était mieux que rien. Hoffmann-Schonborn ne pouvait informer ses commandants de régiments de l'assaut prévu avant le 13 décembre. À leur tour, ils ne pourraient pas informer leurs commandants de bataillons et compagnies avant le 14 décembre. L'assaut aurait lieu le 16 décembre. De plus, la division ne pouvait pas rappeler les hommes qui suivaient les cours de l'école de sous-officiers de crainte d'alerter les Américains.
Attaquant au Nord de la 18e Volksgrenadiers, la 3e division de parachutistes était le fer de lance de la 6e armée blindée du 1er SS Panzer Corps. Cette division avait une superbe réputation au combat. Cependant, comme à la 18e division, la réputation ne remplaçait pas l'inexpérience des membres actuels. Le colonel Moll apprit de son supérieur, le général von Manteuffel, qu’il n’y aurait pas de préparation d'artillerie pour soutenir son opération. De plus, la 5e armée blindée précisait qu'elle allait contourner la ville de Saint-Vith par le nord. Cela signifiait que Moll attaquerait au nord-ouest pendant que les autres forces attaqueraient par le nord. Le danger était minime de rencontrer une autre force amie qui attaquait. Le danger d'une lutte fratricide étant réduit, l'élaboration du projet d'assaut retardait le temps disponible de l’état-major de la division.
Initialement, la 18e division de Volksgrenadiers formait un bataillon mobile. Cet élément consistait en une compagnie de reconnaissance de 100 hommes équipés de bicyclettes et une compagnie du génie en charrettes tirées par des chevaux. Cette force était attachée au 818e bataillon antichar. Le bataillon antichar comportait 12 véhicules chenillés avec canon de 76mm. Moll projetait d’utiliser cette force comme une réserve ou pour exploiter les percées crées par les régiments qui attaquaient.
La division devait former trois vagues d’attaques. Ces vagues étaient désignés respectivement comme: force d'assaut, force de soutien et force de réserve. La vague initiale, la force d'assaut, serait approximativement formée par le tiers des troupes des deux premiers régiments d’infanterie: le 294e et le 295e. Cette force se déplacerait à 04.00 heures le 16 décembre. Sa tâche était de s’infiltrer dans les lignes américaines faiblement tenues directement devant eux. A 05.00 heures, un autre tiers de la force désignée comme force de soutien, avancerait vers le nord-ouest contre les soldats du 14e escadron de cavalerie. Le dernier tiers des deux régiments, la force de réserve, devrait avancer en formation pour faire le lien avec la force de soutien.
Une fois l'assaut commencé, Moll avait prévu que la 106e division d'infanterie conduirait une contre-attaque violente sur les positions de défense allemandes le long du Schnee Eifel. En anticipation à cette réaction prévue, le 293e régiment d'infanterie avancerait pour repousser l'assaut américain.
Les objectifs trop optimistes établis par Moll pour chaque régiment pendant le premier jour de l'assaut étaient:
pour le 293e régiment - les hauteurs au nord de Radscheid après avoir sécurisé la ligne défensive Bleialf-Radscheid de la contre-attaque prévue.
pour le 294e régiment - les hauteurs au nord de Radscheid après avoir sécurisé la ligne défensive Auw - Radscheid
pour le 295e régiment - les hauteurs à l'ouest de Schlausenbach. Le bataillon mobile formerait la force de réserve de la division. C’était un projet trop ambitieux donné pour la composition et l’entraînement de la division.
Une contre-attaque téméraire effectuée par les Américains causerait la ruine pour la malheureuse division. Moll avait clairement compris cela. Il savait aussi ce qu'un tel échec signifierait pour lui et sa famille. Il ferait de son mieux. De l'autre côté du front, les hommes du 14e de cavalerie feraient aussi de leur mieux pour faire échouer toute attaque allemande.
Il apparaissait clairement que les deux côtés entreraient dans la bataille avec des forces et des faiblesses. La victoire irait du côté de celui qui aurait la force la plus puissante. La bataille dépendrait de la rapidité du mouvement pour exploiter une faiblesse donnée. Les stratèges militaires apprécient rarement ces points délicats. Quand l'assaut arriverait, les hommes se battraient simplement pour survivre. Les commandants talentueux et déterminés forgeaient ce désir naturel de survie dans ce redoutable combat. Le succès sur-le-champ de bataille exigeait cette manière agressive et déterminée. Est-ce que cela arriverait? Peu d'hommes s'attardaient sur ce sujet pas plus qu'ils ne regardaient à l'est pour voir deux fusées éclairantes rouges qui dérivaient paresseusement dans le brouillard du matin. Il était maintenant cinq heures du matin le 16 décembre.

L'ASSAUT - 16 DÉCEMBRE 1944

Le bruit de l'artillerie et des rockets brisa le calme relatif du matin. Un tapage incroyable pour un matin si froid et si triste. Les débris des obus éclatant coupaient les fils de communications et envoyaient les hommes à couvert. Les nouvelles du bombardement étaient arrivées rapidement au quartier général de l’escadron. La fusillade continua jusqu'à 06.30 heures. Malgré l'assurance du commandant de la Panzer Armee qu'il n'y aurait pas de préparation d'artillerie, quelques-uns n'avaient pas reçu le message et commencèrent le bombardement au moment où les hommes de Moll firent mouvement. Heureusement, l'intensité du bombardement changea lorsque la 18e division Volksgrenadiers sortit du brouillard. Ils avaient des problèmes. Le manque d'entraînement était évident. Des choses étaient si mauvaises que les régiments qui attaquaient ne possédaient pas l'expérience nécessaire pour circuler à travers la brèche. Pour les aider, des phares puissants perçaient le brouillard et les dirigeaient dans leur assaut. Les soldats devaient suivre les rayons de lumière. Malheureusement, les rayons lumineux montraient aussi les silhouettes des soldats allemands avançant dans la neige. Peu exercés et menés par des sous-officiers inexpérimentés, les hommes de Schonborn trébuchaient dans la brume du matin en allant vers Manderfeld. Quand ils arrivèrent à portée des fusils américains, les postes avancés de la cavalerie les fauchèrent en un massacre effrayant. Les tirs d'armes automatiques et les bombes lancées au travers le brouillard décimèrent les rangs des agresseurs.
Dans Afst, le caporal Hurley de la Troop C, tirait bande de chargeur après bande de chargeur dans la formation allemande. Son poste en tua au moins quarante. L'intensité des tirs des défendeurs occasionnait une énorme dépense de munitions. Il serait difficile, si non impossible, de fournir des munitions aux unités assiégées. À midi, Damon ordonna à Walker de retirer le peloton de Afst vers Manderfeld via Krewinkel. Avant de partir, le lieutenant Crawford détruisit un canon d'assaut allemand d'un coup de bazooka bien dirigé. Les hommes des T.D. de Nash dans les postes au nord de la trouée, subissaient un bombardement effrayant. Incapables de se mettre en rapport avec qui que ce soit, des vagues d'infanterie et les chars ennemis les débordaient. Les hommes de Nash se retirèrent sous la pression intense de l'adversaire. Cette portion de la ligne n’avait pas la force de résister. Le temps, le poids des armes, l’élan des Allemands et la perte de communications avec Manderfeld, forçaient les canonniers antichar à se déplacer. Dans certains cas, ils abandonnaient les canons antichar lourds. Un obus allemand éclata près d'un M3 et en brisa le rotor distributeur. Sans ce moteur les canons ne pouvaient être déplacés. Sept de ces canons lourds furent perdus. Cinq de ces armes furent retournées contre les Américains qui battaient en retraite.
Pendant ce temps, le peloton du lieutenant Farren à Krewinkel était confronté à un énorme groupe de soldats allemands. Etonnamment, ceux-ci marchaient en rangs par quatre; ignorant la présence des Américains. Ces Allemands appartenaient à la force de réserve et croyaient qu'ils avançaient pour faire le lien avec les forces d'assaut et de soutien. Ils approchaient en formation de route, sans appréhension. Les hommes de Farren retinrent leur tir jusqu'à ce que les Allemands soient à dix-huit mètres de leurs positions. Alors, ils tirèrent. La puissance des armes du peloton, augmentée par l'artillerie du 275e, élimina rapidement les agresseurs. Les phares allemands s'éteignirent au moment où les agresseurs s’échappaient des tirs concentrés. En réponse à une demande de munitions, l'officier exécutif de la Troop, le lieutenant Mills, se mit en route. Une force de cinquante Allemands l'entoura rapidement. Refusant leur demande de se rendre, Mills ordonna à son chauffeur de continuer. C’était le dernier ordre qu'il donna. Un fantassin le tua d'une balle dans la tête.
LE MATIN: 16 DÉCEMBRE 1944

Malgré l'attaque soudaine, Damon était maître de la situation tactique. A 08.00 heures, il avait fait avancer un peloton de 5 chars pour soutenir les hommes du lieutenant King à Weckerath. Ses deux Troops continuaient de résister aux hommes de la 18e division Volksgrenadiers. Devine agit pour rétablir la ligne de front. Le groupe ordonna à Ridge et au 32e escadron d’avancer de vingt-six kilomètres, c'est à dire de Vielsalm à Manderfeld. L'escadron, moins la compagnie F, se déplaça rapidement vers Manderfeld. La compagnie F terminait de remplacer les radios dans ses véhicules. Etant donné l'urgence de la situation, le capitaine Blair rassembla rapidement la compagnie. Cela se passa bien; ses 17 chars se déplacèrent aussi vite que possible pour rejoindre l'escadron dans les deux heures.
Malgré la perte de leurs canons antichar, le 1er peloton de Walter Gledhill à Merlscheid continuait à vider ses armes portatives contre les Allemands qui attaquaient. Il arrêta rapidement les agresseurs. Le capitaine Nash plaça le 3e peloton sur le côté est de Manderfeld, le 2e peloton gardait le côté sud du village. Quand le 1er peloton assura la liaison avec la compagnie, il rejoignit le 3e peloton.

TÔT DANS L'APRES-MIDI, 16 DÉCEMBRE 1944

Tôt dans l'après-midi, le 32e escadron roulait dans Manderfeld. La Troop E était à la tête de la colonne. Le 1er lieutenant Earle A. Lawton, le commandant, plaçait ses obusiers de 75 mm à 900 mètres à l’ouest de Manderfeld. Quatre de ses six canons terminaient leur ordre de marche. Ils se branchèrent très rapidement avec le centre de direction de tir du 275e bataillon d'artillerie. La Troop C de Ridge entrait maintenant à Manderfeld. Les Troops A et B étaient au-dehors de Andler, à huit kilomètres au sud-ouest. Devine dirigea la Troop C au nord. Les canons de Lawton étaient dirigés pour soutenir la Troop. Il avait divisé la Troop A: deux pelotons protégeaient les hauteurs au sud-ouest de Manderfeld, l'autre peloton avait la grande tâche de protéger le domaine récemment quitté par la compagnie antichar. C’était une tâche impossible. Le capitaine Franklin Lindsey et sa Troop B restaient à Andler.
Les formations allemandes avançaient dans le village de Auw. Le colonel Devine projetait de les attaquer. L’ancien cavalier voulait frapper l'ennemi. Il y envoya une patrouille de reconnaissance qui y trouva une forte résistance et eut de la peine à retourner à Manderfeld. L'ennemi était trop fort dans le sud. On devait faire quelque chose. Devine ordonna alors au 32e escadron de cavalerie situé au nord de reprendre Lanzerath. La Troop C, soutenue par la Troop E se déplacèrent. Elles avancèrent aux trois quarts de la distance qui les séparaient du village quand ils furent attaqués par des éléments de la 3e division parachutiste qui avançait à l’ouest. Le commandant de la Troop C, le capitaine Charles Martin, était maintenant engagé dans une bataille féroce. Les hommes de Martin tenaient à peine leurs positions. Sous un martèlement formidable, la force se retira au point de départ.
Devine avait l'intention de regagner le terrain perdu. Vers 14.30 heures, une task-force fut formée sous le contrôle du Major Jim Mayes, l'officier S-3 de l'état-major du 32e escadron, pour essayer de reprendre Krewinkel - Lanzerath – Merlscheid – Berterath. Les Allemands les arrêtèrent facilement. C’était maintenant évident, Manderfeld devenait une île entourée d'une puissante force ennemie. Le groupe devait se repositionner pour survivre. A 16 heures, tout était fini à Manderfeld. Les restes de la 18e division Volksgrenadiers étaient transférés à Heppenbach et Holzheim. Le quartier général du 14e groupe s'en allait à Meyerode. Comme il se déplaçait, d'autres mauvaises nouvelles atteignaient Damon. Les Allemands avaient détruit Stan Porsche et sa Troop "A" dans les villages de Roth et Kobscheid. Comme consolation, les canons antichar du sergent Fiscus avaient détruit un grand nombre de véhicules allemands et tués beaucoup d'ennemis avant de succomber vers 15.00 heures cet après-midi.
Comme si les choses n'étaient pas assez compliquées, Ridge, le commandant du 32e escadron, était allé personnellement "chercher des munitions." Selon les observateurs, il était extrêmement nerveux. Le major John Kracke, l’officier exécutif, prit aussitôt le commandement de l'escadron. A la fin de la journée, l'escadron se trouvait vers Herresbach.
Inquiet en pensant que sa défense méridionale à Holzheim pourrait être capturée par une manœuvre en tenaille ennemie qui se déplaçait de Losheim-Honsfeld et de Manderfeld-Andler, le 1er lieutenant Reppa, commandant de la Troop A du 32e escadron de cavalerie, s'installa à Honsfeld d'où il pourrait contrôler les deux routes d'approches. Sa Troop arriva là après un voyage hasardeux dans l’obscurité. Il fut étonné de trouver dans le village, le centre de repos du 394e régiment d'infanterie de la 99e division. Les hommes au centre de repos pensaient qu'ils étaient bien à l’arrière du front. Ils dirent à Reppa de se relaxer. Néanmoins, celui-ci établit un périmètre de défense légère autour du village et attendit l'aube. Lorsque le trafic serait moins dense, il voulait se rendre à l'ouest et puis au sud pour retrouver la zone de rassemblement du 32e escadron de cavalerie. Son projet échoua. Avant l’aube, suivant les véhicules américains qui reculaient, beaucoup de chars et de l'infanterie allemande pénétraient dans le village et coupaient la route de retraite. Reppa communiqua par radio au 32e escadron, cette énorme intrusion de chars et d'infanterie puis il se rendit. Il rejoignit 92 autres hommes de la cavalerie pour une longue marche vers la captivité. Les plus heureux de la Troop s'échappèrent à pied.
Ce fut une dure journée. Calme, Devine avait l'intention de regagner ses positions originales. Pour ce faire, le groupe avait besoin d'assistance. Devine avait désespérément besoin de l’infanterie et de l'artillerie lourde. La 106e division avait le pouvoir pour attaquer avec succès. Devine devait persuader le commandant de la division de lui restituer ces forces sous son contrôle.
A Bastogne, au sud du 14e groupe, le major Levin L. Lee, l’officier d’approvisionnement (S4) du groupe, terminait ses obligations comme membre d'un tribunal général. Apprenant l'assaut, il décidait sagement de ne pas rejoindre son groupe avant le lendemain matin. Peu après minuit, il reçut un coup de téléphone de l'officier de liaison du groupe avec la 106e division, le capitaine Garland Jones. Jones informait Lee que le groupe avait besoin de munitions de toute urgence. Cependant, il ne pouvait donner à Lee une image correcte de la situation tactique. Lee alla trouver un ami qui était le chef des renseignements (G2) du VIIIe corps et le questionna sur la situation. L'ami lui dit que les détails étaient imprécis. Cependant, il lui donna les informations disponibles: le VIIIe corps estimait que les Allemands effectuaient une contre-attaque limitée afin de reconquérir des positions perdues le long de la ligne Siegfried. Une fois de plus, bercés par des perceptions erronées, les Américains étaient dans l'erreur. Le personnel du VIIIe corps croyait que la 106e division récemment arrivée, ne souffrait seulement que d'un mauvais cas d’inquiétude.
Ce n’était peine le cas. Les soldats de la 106e division se trouvaient dans une combat très difficile. Ils se battaient pour leur vie. Deux régiments de la division étaient dans le Schnee Eifel soumis à de puissantes attaques. Les commandants des régiments, sous haute pression, plaidaient pour recevoir de l'aide. Le Corps promit assistance au commandant de la division, le Général Major Jones. Etant donné les circonstances, il serait difficile pour Devine d'attirer l'attention du commandant de la division. Pourtant, quelque chose devait être fait rapidement.
Le casque en main, Devine arriva au quartier général de la 106e division. Naturellement préoccupé par la désintégration de sa division, Jones refusa de voir et de parler avec Devine. Le commandant de cavalerie se promena dans les couloirs. Il attendit toute la nuit. Pourquoi? Est-ce qu'il ne devrait pas être avec son unité? Il y avait beaucoup à faire. Quel était son intention pour les actions du lendemain? Sans son contrôle direct et sans sa direction personnelle, le 14e escadron de cavalerie se déplaça pendant la nuit. Ses hommes étaient handicapés non seulement par l'impact psychologique d'un commandement inoccupé mais aussi par l'obscurité de cette nuit d'hiver.
A 8 heures du matin, le 17 décembre, Devine retournait à son quartier général de Meyerode. Il ne reçut pas de renforts de la part de la 106e division. Une chose était évidente, il était tout seul.

LE DEUXIEME JOUR, 17 DECEMBRE 1944

Cela n’allait pas bien pour le 14e groupe. Le 18e escadron de reconnaissance possédait seulement la Troop E et la compagnie F. Le 32e escadron de reconnaissance n'avait pas plus de chance. Les Allemands avaient détruit la Troop A à Honsfeld. A 8 heures du matin, Devine découvrait que la Troop B du 32e de cavalerie, commandée par le capitaine Frank Lindsey, avait perdu 19 hommes et plusieurs véhicules. Les Allemands les avaient attrapés sur la route de Auw à l’est de Schoenberg. Pourtant, la Troop B avait endommagé beaucoup de véhicules allemands et avait tué ou blessé un grand nombre de leurs soldats. A 10 heures, des patrouilles ont aperçu des chars allemands à Amblève.
Maintenant, le 32e escadron se déplaçait à Meyerode. Il y arrivait à 11 heures du matin. Devine ordonnait au 14e groupe de former une ligne de retardement le long de l’axe Wallerode-Born. Vers 13 heures, Kracke plaça l'escadron sur la ligne de retardement spécifiée.
Les avions américains attaquaient maintenant les positions de l'ennemi dans la trouée. En dépit de cette force supplémentaire, les Allemands continuaient leurs mouvements sans entrave au nord de la ligne de retardement du 14e groupe. Le 18e escadron meurtri, ainsi que l'état-major du groupe étaient refoulé à Poteau. Des mouvements confus prenaient place comme le groupe ordonnait au 32e escadron de déplacer la ligne de retardement à Vielsalm. Aucune action de l’ennemi n'obligeait ce mouvement. La raison de ce mouvement n'était pas claire. Epuisés, les hommes luttaient contre le froid sévère pour organiser leur déplacement. Le major John Kracke, commandant le 32e escadron de cavalerie depuis le départ de Ridge, manœuvrait l'escadron dans cette journée exigeante. Kracke était l'homme idéal pour ce travail. Courageux, il prit le commandement avec l'assurance d'un soldat professionnel. Sa tâche était impressionnante. Les véhicules devaient être remis en marche, les réparations d’urgence exécutées et les hommes nourris. Ces tâches exigeaient du temps. Le temps n’était pas de leur côté. Pendant ce temps, le major Lee, S4 du groupe, rassemblait des camions avec des provisions. Vers midi, ses hommes les avaient chargés avec des munitions et ils rejoignaient le groupe.
Tard dans l’après-midi, Devine décida de faire une reconnaissance sur la route Born-Recht-Poteau. Il quitta le quartier général avec son escorte habituelle, une voiture blindée. Le major Lawrence Smith, l'officier des opérations, le major Jim Worthington, l'officier des renseignements et le major Lee, l'officier de la logistique, accompagnaient le commandant du 14e groupe de cavalerie. Ce n'était pas la décision la plus intelligente de la journée que de prendre le risque de se faire accompagner par tous les officiers principaux du 14e Groupe.
Qui allait diriger la bataille pendant son absence? Qui était disponible? Ridge? Personne ne l’avait vu depuis deux jours. Damon? Il était bien disponible, pourtant personne ne l'avait désigné comme le commandant par intérim. Ce n’était un secret pour personne que lui et Devine se détestaient intensément. Résultat, Dugan assuma correctement le contrôle à ce moment critique.
Pendant ce temps, le convoi de reconnaissance du commandant de groupe avançait lentement vers le nord. A 18 heures, Jim Worthington dans le premier véhicule blindé, aperçut du mouvement à l'avant de son véhicule. Des silhouettes apparurent sur la route. Il fit ralentir les véhicules qui suivaient. Alors que les silhouettes approchaient de plus en plus, Worthington commença à crier: "Ce sont des Boches!" Le S2 tira immédiatement sur le premier soldat ennemi. Une fusée éclaira la nuit. Tout éclata quand les mitrailleuses du convoi tirèrent sur les soldats allemands qui quittaient leurs véhicules. Les balles se croisaient dans une scène bizarrement illuminée. Tant bien que mal, le premier véhicule blindé américain fit demi-tour et retourna à Poteau. Le colonel Devine et son S3, le major Smith, abandonnèrent leur véhicule et prirent la fuite, à pied. Cinq heures plus tard, Devine arrivait au quartier général du 14e groupe à Poteau. Il avait une blessure insignifiante suite à l'embuscade. Dugan rentra au quartier général à 02.30 heures du matin, le 18 décembre. Epuisé après avoir parcouru plus de 14 kilomètres à pied, Devine se tourna vers Dugan et lui dit: "Patsy, vous prenez le commandement", ensuite il quitta la pièce et alla se coucher.

LE DERNIER JOUR - 18 DECEMBRE 1944

A 01.00 heure du matin, le quartier général du 14e groupe recevait un message du VIIIe Corps annonçant que le général Middleton voulait voir le commandant du 14e groupe. Damon et Ridge étaient au quartier général à ce moment-là. Damon décida d’aller au quartier général du VIIIe corps à Bastogne. Pourquoi? Il y a beaucoup de spéculations concernant les raisons de cette décision. Est-ce qu'il allait au VIIIe corps pour présenter sa perception de la conduite du commandant du 14e groupe pendant la bataille? Il n'y a pas d’archives qui indiquent qu’il aie discuté avec Dugan de cette décision. Ridge était le supérieur de Damon et pourtant, Damon est allé au quartier général du VIIIe Corps. La crise du moment nous empêche cependant de réfléchir sur la motivation de Damon. En tout cas, il n'avait aucune affection entre le commandant du 14e groupe et Damon. Manifestement, il y avait des problèmes plus pressants au quartier général du 14e groupe en cette nuit froide. Pendant ce temps, Devine s'en allait comme blessé non-combattant.
Dugan était maintenant à la tête du 14e groupe.
A minuit, il reçut une communication de la 106e division qui lui ordonnait d’attaquer pour capturer le village de Born. Il demanda un délai que la 106e division lui accorda. Dugan quitta le quartier général pour évaluer la situation et veiller au bien-être de ses hommes.
Il décida alors qu’ils attaqueraient et s'empareraient du village de Born à l’aube. Il y avait beaucoup à faire. Epuisé mais confiant, il se lança rapidement dans l'action. Dugan sortit de l'obscurité comme une boule de feu. Il organisa les hommes, l'équipement, et les véhicules. Avec un cigare aux lèvres, il dégagea quatre chars légers et un peloton de canons d'assaut hors d’une longue colonne de véhicules qui se dirigeaient vers l'ouest. Eventuellement, la Troop C du 32e escadron rejoindrait leurs rangs. Dugan désigna Jim Mayes, l'officier des opérations du 32e escadron, comme commandant de l'assaut. Le système de route épars allait empêcher leur progression. La circulation de nombreux véhicules de service vers l'est aggravait la situation pour les hommes de la cavalerie.
Le major Kracke, l’officier exécutif du 32e escadron, était à Vielsalm et y organisait une task-force pour aider Mayes. Ce groupe assemblé en hâte, se mit en route mais dut lutter contre la circulation importante qui se dirigeait vers l’ouest. La task-force fit peu de progrès. C’était frustrant. Personne ne voulait sortir du chemin. Ridge, nominalement commandant de l’escadron, apparut vers 9 heures. Ridge arriva à la conclusion qu'on ne pouvait pas emprunter la route. Il tira Kracke sur le côté et lui annonça, "Ca ne va pas marcher." Il avait raison. La task-force ne pouvait utiliser la route. La task-force de Kracke ne fit plus d'efforts pour atteindre et aider le groupe de Mayes.
Pendant ce temps, la task-force de Mayes essayait vaillamment d’accomplir sa mission, sans résultat. L'ennemi était trop fort. La task-force put tenir ouverte la route de Poteau vers l'ouest; c’était ce qu’elle pouvait faire de mieux dans ces circonstances. Mayes analysa la situation et décida de retirer sa force légère à Vielsalm. Il y arriva tard dans l'après-midi. Les affaires se dégradaient rapidement pour le 14e groupe.

LA FIN

La portée de l'attaque allemande provoqua plusieurs réactions des commandants alliés. Des unités furent déplacées pour boucher le trou. De grandes formations américaines arrivaient de Hollande. La 7e division blindée arrivait à St. Vith et prenait le contrôle du 14e groupe de cavalerie dans l'après-midi. Dugan se présenta au quartier général de la 7e division, puis il retourna au 14e groupe et annonça que Devine et Ridge avaient été relevés de leurs commandements. Ironiquement, le général Middleton, commandant du VIIIe Corps, transféra Dugan à la 28e division d’infanterie, une unité décimée. Dugan partit immédiatement pour sa nouvelle tâche et y commanda un bataillon d'infanterie pour le reste de la guerre. Au même moment, Damon recevait ce message:
"Le colonel Stanton, chef d’état major, VIIIe corps, VO (Ordre Verbal) a attaché le 14e groupe de cavalerie (mécanisé) à la 7e division blindée. Le général Hasbrouck, commandant de la 7e division blindée donne l'ordre au 18e escadron de cavalerie de reconnaissance d'absorber le 32e escadron de cavalerie de reconnaissance et le 14e groupe de cavalerie avec le but de créer un escadron de reconnaissance capable d'opérer.
Doit être complet pour 12.00 heures, le 19 décembre 1944."
Les 70 heures d’action du 14e groupe de cavalerie sont terminées. Décimé, le 14e groupe avait besoin d'hommes et de matériels pour continuer la lutte. Il se retira de la zone des combats.
Qu'est-ce que le 14e groupe avait accompli? Il avait causé de grands dommages à la 18e division Volksgrenadiers et l'avait rendue presque inutile. Il avait émoussé l’attaque de la 3e division parachutiste. Il avait averti le haut quartier général d'un grand assaut blindé dans le nord. Il avait retardé l'ennemi dans leur secteur durant au moins un jour. Ces choses étaient la démonstration impressionnante d'un sens de commandement décisif par des petites unités.
Le 14e groupe de cavalerie était finalement reconstitué. Les vétérans de cette bande courageuse s'en sont retournés au combat. Vers la fin de la guerre, ils ont joué un rôle important dans la prise de la tête de pont à Remagen. Pour son action l'unité reçut une citation d'unité présidentielle. Cependant, le groupe ne reçut ni reconnaissance ou éloges pour leur service pendant la Bataille des Ardennes.

NOTES

1. Lettre à l'auteur, CPT Stanton H. Nash, 14 janvier 1986.
2. Lettre de Nash, 9 juin 1990
3. Divers collaborateurs ont exprimé cette vue de Devine.
4. Lettre à l'auteur de George Gudlefin, l'officier de liaison Français assigné au 14e Groupe de cavalerie, 30 juin 1992
5. Lettre de Ralph G. Hill, Jr. à LTC Roger Cirillo, 10 novembre 1992
6. Lettre de Gudlefin à Gilbert C. Gallez, 23 avril 1986
7. L'observation dans les lettres reçues par l'auteur provenant de plusieurs sources.
8. Lettre à l'auteur de LTC (RET) Levin L. Lee le S4 du Groupe, 2 juin 1990
9. Le lieutenant Mills fut décoré de la D.S.C. (après décès) pour son action héroïque.
10. Col R. Ernest Dupuy, St. Vith, Lion in the Way, page 30.
11. Charles B. MacDonald, A Time for Trumpets, page 324.
12. Mac Donald, page 110; “ Les mauvais sentiments entre Damon et le commandant du Groupe furent observés par plusieurs des collaborateurs à ce livre.”
13. Actions du 14e Groupe de cavalerie contre l'ennemi 17 décembre 1944, rapport daté du 10 Janvier 1945
14. Dupuy, St.Vith, Lion in the Way, page 71.
15. Dupuy, page 109.
16. Lettre de Ralph Hill à John Kline 18 mai 1990, en possession de l’auteur.
17. Actions du 14e Groupe de cavalerie contre l'ennemi, 15.30 heures, le 18 décembre 1944, rapport daté du 10 janvier 1945.


 

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